La recherche - Les Médicaments
Les patients atteints de fibrose pulmonaire idiopathique disposent actuellement de deux médicaments anti-fibrosants qui ont prouvé qu’ils ralentissent la progression de la maladie. D’autres sont en cours d’essais cliniques et en attente du bénéfice viral qu’ils pourront apporter. Le Pr. Vincent Cottin, pneumologue au CHU de Lyon et coordonnateur du centre national de référence des maladies pulmonaires rares, a fait le point sur les recherches en cours lors du Congrès de la Fédération européenne des associations de patients qui s’est tenu en avril dernier.
» Il est important de connaître la cause de la maladie pour y remédier, souligne le Pr Cottin, en rappelant les deux phases principales dans le processus de la genèse de la fibrose pulmonaire :
1) La phase initiale qui dépend de la cause qui provoque la fibrose : « Dans les maladies chroniques de ce type, Il y a la persistance d’un anti-gène qui cause le processus d’inflammation des tissus, qui génère le processus de la fibrose« . Dans le cas de la fibrose pulmonaire interstitielle, des facteurs environnementaux interviennent, tels que la fumée de cigarettes, l’exposition professionnelle à des matériaux inhalés, la pollution de l’air ou encore les infections virales. S’y ajoute les effets du vieillissement et les prédispositions génétiques. « Ces facteurs – un ou plusieurs – vont être à l’origine du processus de la fibrose« , note le pneumologue.
2) La deuxième phase de la fibrose concerne le processus fibrosant. Comment se propage-t-il et se perpétue ? « En effet, une fois que que ce processus est lancé, il y a une sorte d’auto-perpétuation de la fibrose avec les cellules qui produisent du collagène [qui est la fibre de la fibrose elle-même] qui s’accumule et produit ainsi de la fibrose« , explique encore le Pr Cottin. « Ce processus lui-même s’auto-perpétue« , autrement dit, il augmente le processus de l’accumulation de la fibrose.
Comment mesurer la progression de la FPI ?
On mesure la progression de la maladie de la Fibrose principalement par la mesure de la Force de Capacité Vitale (FCV) en ayant recours à la spirométrie : on effectue dans ce cadre la mesure du maximum de volume d’air entrant (par l’inspiration) et du maximum d’air sortant (par l’expiration). » Avec la Fibrose, ce volume d’air diminue et grâce à l’un de ces deux médicaments, la perte de la progression du volume diminue« , souligne Vincent Cottin (photo) : « c’est ainsi que l’efficacité de ces deux médicaments a été démontrée. Avec les essais cliniques en cours, on cherche à atteindre une stabilisation de la Force de la Capacité Vitale (FCV).«
Quels sont les médicaments disponibles ?
Les médicaments anti-fibrosants actuellement utilisés pour lutter contre l’évolution de la FPI sont : la pirfenidone (Esbriet, du laboratoire Roche), mis sur le marché en 2012, et le nintedanib (Ofev, du laboratoire Boehringer-Ingelheim), utilisé depuis février 2016. « Tous deux ont pour cible cette deuxième phase de la fibrose, et il en va de même pour les essais cliniques actuellement en cours« , ajoute Vincent Cottin. Ainsi, la pirfenidone cherche à atténuer les excès de la prolifération de fibroblastes (cellules qui produisent du collagène) et le nintedanib fonctionne légèrement différemment : il cible la surface des cellules où il y a des récepteurs, précise le pneumologue lyonnais. « Le nintedanib bloque certains de ces récepteurs empêchant ainsi les cellules d’être activées (cf. les exposés du Dr Helen Parfrey et Francesco Bonella). « Ces deux médicaments ont prouvé qu’ils ralentissent la progression de la maladie. »
Quels sont les médicaments en cours d’essais ?
Deux médicaments sont actuellement en phase III de la recherche clinique, « mais il reste encore de nombreux essais à effectuer avant de conclure sur le bénéfice vital qu’ils pourraient apporter ». Il s’agit :
– du pamrevlumab (FG-3019), qui est à la fois une protéine et un anti-corps qui active le « myofibroblaste » et qui, en s’activant, bloque la production de la fibrose. L’essai clinique mené sur ce registre est appelé Zephyrus. La phase II (48 semaines) a été administrée, par voie intra-veineuse, toutes les trois semaines à deux groupes, dont l’un était un groupe placébo. La phase III est réalisée en deux études parallèles, chacune d’elles implique 340 patients. C’est le même type de traitement par injection intra-veineuse qui est ici réalisé toutes les trois semaines. « Les résultats sont très prometteurs, car avec le temps (78 semaines), on a constaté que la Capacité de la Force Vitale diminue moins pour le groupe qui reçoit le nouveau médicament.« .
– du pentraxin-2 (rhPTX-2) : Il s’agit d’une protéine normalement présente dans le corps humain. « Cette protéine est impliquée dans la réaction immunitaire face à une agression (blessure ou infection), précise Vincent Cottin . Elle relie deux structures cellulaires (la cellule endommagée ou monocyte vers les bonnes cellules (ou macrophages). Par un processus complexe observé, les cellules macrophages bloquent le processus fibrotique et enclenchent une action « pro-resolutive » (ou de « réparation »)« . » Nous savons que les niveaux de Pentraxin-2 sont réduits chez les patients souffrant de FPI, et des niveaux bas de Pentraxin-2 entraînent une aggravation sévère de la maladie. l’effet de la Pentraxin-2 va ainsi aboutir à une forme réparatrice de la cellule endommagée« . Le pneumologue souligne encore que l’absence de Pentraxin-2 n’est pas une bonne chose pour le corps, car les monocytes (cellules endommagées) se transforment en fibrocytes qui, elles-même, se transforment en fibroblastes qui se produisent en une matrice cellulaire supplémentaire et de la fibrose.
« D’autres nouveaux traitements sont en cours et sont prometteurs pour bloquer la progression de la fibrose pulmonaire », ajoute Vincent Cottin.
» Nous sommes dans une période dynamique dans le développement de médicaments, dont certains essais cliniques sont en phase III (phase finale), conclut le pr Cottin. Les nouveaux médicaments ciblent des molécules différentes. Combinés avec les médicaments anti-fibrosants actuels, ils cherchent à stabiliser la Force de la Capacité Vitale. » Aussi enjoint-il les patients à participer à des essais cliniques en FPI. « Une démarche qui est plus nécessaire que jamais ! »
NB : pour revoir l’intégralité de son intervention, aller sur https://vimeo.com/542612071
[Texte rédigé à partir de la traduction de Aïcha Zrari Kawak]