Actualités - Fibroses pulmonaires

La FPI vue au CPLF
La FPI vue au CPLF

La dernière lettre de Respifil effectue un retour sur le Congrès de Pneumologie de Langue Française (CPLF) 2021, qui a fait place à plusieurs sessions consacrées aux maladies respiratoires rares, dont la FPI. Plusieurs membres du Comité scientifique de l’APEFPI y ont fait des communications que nous reproduisons ici.

Le CPLF s’est tenu le 29 janvier 2021 sous un format 100% virtuel. L’infectiologie était le thème phare de cette 25ème édition. Il a été fixé avant même l’arrivée de la Covid-19. En effet, les pneumologues ont toujours été en première ligne dans la prévention, la prise en charge et le suivi des patients atteints de maladies respiratoires infectieuses. Aujourd’hui, la pandémie de Covid-19 ne fait que le rappeler. Outre l’actualité autour du SARS-Cov-2, plusieurs sessions étaient consacrées aux maladies respiratoires rares.

Fibroses pulmonaires et expositions particulaires

Dans les fibroses pulmonaires, « certaines données de la littérature suggèrent qu’il y a un lien épidémiologique entre le développement d’une fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) et les expositions particulaires (ex. particules métalliques, bois, environnement agricole, coiffure, etc.).
L’exposition aux vapeurs, à la fumée de tabac, à la poussière, à l’amiante peuvent également être associées au développement de la maladie.
Non seulement, il existe des liens entre l’exposition environnementale et la survenue de la FPI, mais ces derniers semblent liés également au pronostic même de la maladie.
« Par exemple, les patients exposés à un empoussiérage professionnel ont un pronostic moins bon que ceux exerçant des les bureaux« , souligne le Pr Bruno Crestani (Hôpital Bichat, AP-HP). Certains travaux notamment celui du Dr Lucile Sésé et al. ont également fait le lien entre l’exposition à la pollution atmosphérique (pics de pollution, PM10, PM2.5, ozone) et l’évolution de la FPI : hausse de la mortalité et de l’incidence, déclin de la fonction respiratoire et la survenue d’exacerbations. « Le fait que la fibrose
pulmonaire soit idiopathique ne signifie pas qu’il n’y a pas de facteurs de risque. Les expositions environnementales et professionnelles contribuent au risque de fibrose pulmonaire. Diminuer l’exposition particulaire pourrait permettre de diminuer l’incidence et la mortalité par FPI
» conclut l’expert.

Pneumopathies interstitielles diffuses (PID) associées au tabac

Le Pr Philippe Bonniaud (CHU Dijon) a dressé un panorama des PID associées au tabac. Les PID regroupent des maladies très variées tant sur leur cause, leur traitement ou leur pronostic. « Certaines PID sont plus fréquentes chez les fumeurs. Pour certaines maladies (FPI, PID associée à la polyarthrite rhumatoïde, RA-ILD, syndrome emphysème–fibrose, SEF), lorsque le tabagisme est arrêté, elles continuent d’évoluer et s’aggraver. Il est essentiel de considérer l’exposition au tabac devant toute PID, qu’elle soit aigüe ou chronique ; cela a des conséquences pronostiques et thérapeutiques majeures dans la prise en charge des PID. Le cannabis, le vapotage, la e-cigarette, etc. peuvent également induire certaines PID » souligne le spécialiste.

Nutrition et FPI

(Symposium SI17 / ROCHE SAS – Actualités dans les fibroses pulmonaires)
« En cas de FPI, près d’1 patient sur 3 souffre de dénutrition » rapporte le Pr Stéphane Jouneau (CHU Rennes). La dénutrition résulte d’un déséquilibre en énergie et/ou en protéines entre les apports et les besoins de l’organisme (définition de la Haute autorité de Santé (HAS). Parmi les critères d’évaluation de la dénutrition : un Indice de Masse Corporelle (IMC) < 18,5 kg/m², une perte de poids ≥ 5% du poids initial.
Les résultats des travaux de Jouneau S. et al démontrent que chez les patients atteints de FPI, un IMC bas et une perte de poids peuvent être associés à un déclin majoré de la fonction respiratoire.
En revanche, le nintedanib, réduit le déclin de la fonction respiratoire quelque soit l’IMC.
Selon le Pr Stéphane Jouneau « les perspectives seraient de déterminer, si en améliorant la nutrition/prévenant la dénutrition des patients atteints de FPI, on observe (ou non) une amélioration du pronostic de ces patients ».

La FPI est entraînée par une activation « chaotique » des voies de
signalisation du développement pulmonaire


La fibrose est parfois définie comme une réparation tissulaire qui aurait dépassé son but. La réparation tissulaire est un phénomène biologique essentiel qui permet le remplacement des tissus lésés, un mécanisme fondamental pour la survie. La réparation comporte toujours une phase d’organisation au cours de laquelle des fibroblastes s’accumulent dans les tissus, organisent la matrice extracellulaire puis disparaissent.
Dans certaines circonstances le mécanisme de réparation se poursuit sans contrôle et entraîne un remodelage tissulaire, comme dans le cas de la FPI (caractérisée par un remodelage important du tissu pulmonaire). Les preuves actuelles indiquent que la maladie est déclenchée suite au dysfonctionnement de l’épithélium alvéolaire après une lésion pulmonaire chronique, entraînant une activation aberrante et persistante des cellules épithéliales alvéolaires. Ces cellules anormalement activées, présenteraient alors un phénotype profibrosant. Ces altérations épithéliales entraineraient le recrutement et l’accumulation de cellules mésenchymateuses dans les régions alvéolaires du poumon aboutissant à un dépôt secondaire de matrice extracellulaire.
L’équipe du Pr Bruno Crestani (Coordonnateur du centre de référence constitutif des maladies pulmonaires rares, Hôpital Bichat, AP-HP) a montré que la réactivation anormale des voies de signalisation du développement pulmonaire foetal était impliquée dans ce processus pathologique. Ainsi, l’accumulation de composants dans l’interstitium et les espaces alvéolaires aboutit à une destruction progressive de l’architecture pulmonaire et une perte de fonction des poumons. La réparation épithéliale anarchique observée dans la FPI s’accompagne de la réactivation de voies de signalisation impliquées dans le développement pulmonaire foetal. Dans cette revue (1), les auteurs rapportent que dans la FPI, l’intégration transcriptionnelle aberrante des voies de signalisation du développement pulmonaire pourrait être sous le contrôle d’une dynamique « chaotique », par rapport à l’ontogenèse* pulmonaire précoce normal. Ce système « chaotique » a déjà été proposé dans d’autres maladies telles les cancers, car
leur imprévisibilité menace les traitements personnalisés.
Selon les auteurs, d’un point de vue thérapeutique, certaines cibles constituent des opportunités potentielles de traitement : soit en supprimant les mécanismes délétères, soit en augmentant l’expression des voies impliquées dans la réparation.

*L’ontogenèse est le développement d’un individu depuis sa conception (fécondation) jusqu’à sa forme adulte définitive.

(1) Antoine Froidure, Emmeline Marchal-Duval, Meline Homps-Legrand, Mada Ghanem, Aurélien Justet, Bruno Crestani, Arnaud Mailleux)
European Respiratory Review, 2020.

Parcours de vie des patients/aidants dans la FPI, à travers une étude
ethnographique


Si les étapes du parcours de soins des patients atteints de FPI sont aujourd’hui bien identifiées, les connaissances sur le vécu des patients restent à approfondir.
L’équipe du Pr Vincent Cottin (Coordonnateur du centre de référence coordonnateur des maladies pulmonaires rares, Lyon) a mené une étude ethnographique (entre décembre 2019 et janvier 2020), dans 4 régions françaises, au moyen d’observations et d’entretiens avec 20 personnes (12 patients et 8 aidants).
Durant ces entretiens ont été abordés : le vécu de la maladie, le parcours de soins et le quotidien. L’analyse des données a permis d’identifier plusieurs éléments bloquants, dont l’errance diagnostique avant l’entrée dans le parcours de soins, l’annonce du diagnostic d’une maladie grave (avec des symptômes peu évocateurs d’une FPI), une gestion des conséquences de la maladie en complète autonomie.
Cette analyse a également révélé les attentes de la part des patients et des aidants mêlant à la fois les besoins de connaissance sur la progression de maladie et les précautions quotidiennes, le soutien psychologique et la prise en charge précoce. Ces résultats sont d’une importance cruciale pour la mise en place d’actions permettant l’amélioration de la qualité de vie des patients atteints de FPI et de leurs aidants.
(D’après la communication N°410 de Ahmed L, Bergot E, Prévot G, Cottin V.
Exploration du parcours de vie des patients/aidants dans la Fibrose Pulmonaire Idiopathique, à travers une étude ethnographique.
CPLF 2021)

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