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Jean Kawak, époux de Aïcha Kawak, ancienne secrétaire générale de l'AFPF, est décédé le 24 janvier dernier à l'âge de 79 ans des suites de sa fibrose pulmonaire. L'ensemble du Conseil d'administration s'associe à la douleur de la famille et lui adresse ses plus sincères condoléances. Nous publions ici l'hommage que lui a rendu Aïcha le 5 février à Bron, lors des obsèques de son époux.
"Jean nous a quittés vendredi 24 janvier, après avoir lutté de toutes ses forces contre une complication de la grippe, dans un corps déjà très affaibli par des années de lutte contre une maladie rare des poumons, la Fibrose Pulmonaire.
Jean nous rassemble tous aujourd’hui et nous remercions une partie de sa famille venue d’Allemagne , et de nombreux endroits de France.
De même ses anciens compagnons de thèse, ses anciens collègues, ses amis de randonnée, ses voisins, ses amis de la fibrose : vous êtes tous très nombreux pour lui dire merci et combien on l’aimait.
Jean était un être exceptionnel, de par son parcours hors du commun et sa gentillesse, sa douceur, son humour nous ont marqué. Syrien et chrétien d’origine, il avait la Syrie pour passion. Je veux simplement rappeler quelques éléments importants qui ont marqué sa vie.
L’exil. Jean en a connu plusieurs ,
Tout d’abord le plus traumatisant de tous, a été vécu par son père, à Mardin dans le Nord-Est de la Syrie, qui faisait partie de l’empire Ottoman à l’époque. Lors du massacre des chrétiens en 1915, son père a pu fuir vers Alep après avoir perdu l’ensemble de sa famille.
Le deuxième exil a été amer et d’une grande frustration puisque malgré son doctorat d’Etat brillamment obtenu à l’Insa de Lyon , il a vu toutes ses demandes de postes refusées par le régime d’Assad et il a dû émigrer au Qatar, car je le cite « il a eu faim dans son pays », dans les années 70
Il est resté au Qatar avec nos deux enfants pendant huit ans. Les années 80 furent par la suite des années heureuses.
C’est ensuite que nous sommes rentrés en France, à ma demande, car j’étais soucieuse que nos enfants se fassent des racines quelque part et la France me semblait le meilleur pays pour notre famille.
Jean a cependant dû quitter son travail dans la pétrochimie et a eu du mal à se sentir à l’aise en France. Son mal être a duré plusieurs années avant qu’il ne trouve du réconfort et de l’apaisement grâce à son jardin et grâce à nos amis.
L’amour du jardin a marqué sa retraite. Les plantes, les arbres l’ont aidé à surmonter le manque du pays natal. Par dessus tout , Jean aimait faire des boutures et démultiplier les bulbes et redonner vie à des plantes ou des arbres en souffrance. Il adorait son jardin dont il était très fier.
Les amis, que nous nous sommes faits au fur et à mesure des circonstances, ont été très importants dans notre intégration dans la culture et la société française. Avec eux nous avons randonné, participé à des fêtes, et aussi voyagé. Par dessus tout, Jean aimait échanger des idées, raconter son pays d’origine. Il était très fier d’avoir pu s’intégrer dans la culture française grâce aussi à vous tous. Soyez en mille fois remerciés.
Pour terminer, j’aimerai parler de sa famille, de ses fils et de ses petits enfants. Tous faisaient sa fierté. Il a été un grand père heureux.
Nous étions un couple atypique, lui le chrétien et moi la musulmane. Cela a été une source de difficultés énormes dans les premières années au sein de sa famille et de sa communauté, mais au fil des années notre couple était toujours plus fort et généreux qu’avant, et cela le rendait fier du chemin parcouru par les siens pour ne plus le considérer comme le mouton noir de la famille.
Jean était l’amour de ma vie. Nous avons partagé tellement de choses ensemble dans la joie et la bonne humeur. Cette année, l’hiver a été trop long et trop froid. Jean nous a quitté à l’aube du printemps comme à l’aube d’une Syrie nouvelle. Son jardin va refleurir et sa présence restera partout parmi nous tous.
Repose en paix Jean et merci pour tout ce que tu nous as donné."